« Échapper, s’échapper » : pourquoi ce thème?
Une résidence pour la mise au point du Verfügbar
En avril 2024, nous avons hébergé l’ensemble vocal Ephémères dirigé par Emilie Legroux, d’Orléans et Arthur Fouache, le metteur en scène de l’opérette de Germaine Tillion : le Verfügbar aux Enfers pour la préparation de ce spectacle. A la fin de la semaine de résidence, nous avons pu assister au filage du premier acte et avons été très impressionnés par la qualité du travail et la force du texte, narrant avec un humour glaçant les conditions de détention dans le camp de concentration de Ravensbrück. Germaine Tillion aidée de ses amies et cachée par elles dans une boîte pour lui éviter l’infirmerie, y a écrit le texte d’un « entomologiste » en ajoutant des chants et airs de son époque.
Le triptyque des Milliaires à l’horizon des JO était bouclé, nous n’avions pas encore le thème de la nouvelle saison même si nous savions que nous voulions partager une nouvelle fois Antigone au théâtre. Il nous est apparu utile, important de montrer que dans les pires conditions : celles d’un camp de concentration, certains réussissent non pas à s’échapper mais à échapper à l’horreur par la dérision et la musique…l’opérette n’a, bien sûr, jamais pu être jouée dans le camp mais, par l’écriture et l’échange autour de ce travail, Germaine Tillion a réussi à soutenir le moral de ses compagnes d’infortune. C’est évidemment très austère de produire cette opérette dans le cadre d’un festival que l’on voudrait festif mais d’aucuns trouveront peut-être, comme nous, que c’est nécessaire à l’heure où le « plus jamais ça » se fragilise.
Une carte blanche aux Tchalik pour l’occasion
Pour marquer l’importance de l’opérette, nous avons conçu un programme spécial en avril, avec une carte blanche aux Tchalik : un excellent ensemble à cordes et piano que nous avions reçu en résidence avec Thierry Escaich pour sa création d’une sonate pour cordes et piano « Short Stories ». Les Tchalik d’origine ukrainienne ont souvent joué en hommage au combat des compatriotes de leur père et s’inscrivent bien dans ce programme de commémoration de la libération des camps en 1945.
Une échappée festive
La soirée du 13 avril se terminera en légèreté et engagera le festival sur des voies plus festives avec un opéra de poche sur « l’échappée amoureuse » dont Mozart est un maître inégalé dans les Noces et Cosi fan tutte.
Échapper à sa condition
Sans chercher à y échapper, bien au contraire, les grandes courtisanes s’extirpent, par la séduction, de leur condition sociale souvent misérable comme le décrit Joëlle Chevé dans son livre paru en 2023 : Les grandes courtisanes, sexe et pouvoir dans l’histoire . Souvent invitée sur le plateau de « Secrets d’histoire », elle a accepté notre invitation pour une conférence en juin.
L’Antiquité toujours…
Lorsque nous avons présenté le thème à Philippe Brunet, en sus d’Antigone qui échappe à la loi et au Roi, il nous a proposé Attis qui voulant devenir femme pour plaire à sa déesse Cybèle, le regrette ensuite amèrement dans le poème de Catulle. L’Antiquité au cœur de l’actualité ? C’est ce que nous verrons en août au théâtre ou dans la crypte d’Argentomagus, selon le temps du 2 et 3 août. Avec le soutien de Martin Gordon et dans le cadre du PACT d’Eguzon, Val de Creuse.
L’échappée en musique
Le stage de chant reprendra avec Gwennaëlle Lemaire-Debarnot qui rassemble des partitions sur le thème et Frédéric Billiet donnera une conférence avant le concert des stagiaires sur « l’Échappée en musique » . Des artistes invités accompagneront le concert des stagiaires, le 8 août.
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Gestes et Jeux : note d’intention
Le thème des Milliaires 2024 était le troisième d’un triptyque conçu dans la perspective des Jeux Olympiques : Hospitalités en 2022, Positions, postures et impostures ( de Narcisse aux selfies) en 2023 et Gestes et Jeux cette année.
Nous avons vu que l’hospitalité pouvait relever d’un geste, d’une intention, mais aussi d’une posture lorsque les personnalités politiques, à l’échelle locale, ne peuvent obtenir gain de cause dans leur volonté d’accroître les structures d’accueil au moment des grandes vagues migratoires internes.
Les Jeux Olympiques qui célèbrent le sport, portent le geste sportif à sa réalisation la plus aboutie, fruit de multiples expériences, de recherches et d’entraînements. Nous sommes loin de la « posture » et proches des dieux : les vainqueurs, à Olympie, étaient vénérés comme des héros et des demi-dieux.
Autour des Jeux Olympiques, d’autres gestes ont été nécessaires : la construction d’un centre de tir à Châteauroux, par exemple, qui précédera celui qui sera construit et servira pour les Jeux de cette année. Olivier Prisset nous expliquera, le 11 août à 16h au musée Bertrand de Châteauroux, ce qui a conduit le cabinet Dauvergne à concevoir le premier centre de tir de Châteauroux. Le travail du cabinet Dauvergne est aussi celui de l’aménageur du territoire même si cette discipline n’existe pas encore à la fin du XIXème en tant que telle (il faudra attendre la création de la DATAR en 1950 pour que cette discipline fasse l’objet d’une politique publique et soit ensuite intégrée dans les programmes d’enseignement universitaires). Olivier Prisset, nous montrera quelles sont les contraintes qui pèsent sur ce « geste architectural » et comment répondre à la demande des populations en animant un atelier sur maquette où le public sera invité à placer les principaux bâtiments d’un village rural, le 6 août à l’écomusée du Blanc à 11h.
Plus intérieur est le geste choral : c’est tout le corps qui est sollicité pour faire entendre la voix. Cette année, un programme autour de La lumière de la flamme est proposé par Gwenaëlle Lemaire-Debarnot à tous ceux qui veulent venir chanter à Neuvy-St-Sépulchre du 1er au 9 août et se produire le 9 août à 20h à la Basilique de Neuvy avec les artistes en résidence. Ce concert promet d’être original, associant des « performances » aux chants. Nous ne pouvons vous en dire plus pour l’instant, ce sera une surprise….
Le geste musical sera aussi illustré par un récital de piano, violon et poésie, donné à Archy, magnifique manoir du XVIIIème siècle de la commune de Mouhers, le 8 août à 20h. Claudio Chaiquin, pianiste, Catherine Lafitte, violoniste et Sophie Fontaine montreront que leur instrument exige des gestes spécifiques mais aussi que la musique n’exprime pas seulement des émotions mais aussi un grand nombre de mouvements de danse, d’hésitations, de courses….Ce récital est soutenu par le groupe industriel Rioland.
Nos artistes en résidence : le duo Gaelle et Juan, entendu en 2022 à la Basilique, prépareront un concert de musique du monde et jazz au bar de l’Arcade de Neuvy-St-Sépulchre le 13 août à 20h inspiré par le thème de cette année.
Bien sûr, nous ne pouvons pas aborder le thème du geste, sans penser à la chanson de Geste et nous avons un magnifique exemple à vous proposer avec La chanson de Roland que Nicolas Lakshmanan connaît par cœur. Il viendra la déclamer à St-Marcel, le 2 août. Rendez-vous à l’église à 17h pour aller dans la crypte du musée d’Argentomagus.
Enfin, pour illustrer à la fois les Jeux Olympiques et le geste théâtral : deux grandes manifestations théâtrales de la Compagnie Demodocos auront lieu grâce au soutien du mécène Martin Gordon, au théâtre romain de Saint-Marcel les 3 et 4 août : la Naissance des Jeux et les Bacchantes d’Euripide.
Le programme de la Naissance des Jeux est composé de la représentation par Susie Vusbaumer et Yanis Cleret du chant 23 de l’Iliade : la course des chars . Dans ce chant composé par Homère au VIIIème siècle avant JC, vous assisterez à une course des chars qui opposera plusieurs attelages célèbres et Homère convoquera pour vous tous les Jeux Olympiques de l’époque. Vous serez emportés par la fougue des acteurs qui vous conteront cette course mémorable à l’issue riche de leçons. Après un bel hymne à Apollon, la première Olympique de Pindare, jamais traduite avant Philippe Brunet, sera chantée par ce dernier avec Anne-Iris Munoz qui dansera aussi avec un grand chœur antique des étudiants de la Sorbonne, accompagné par François Cam, leur professeur. Les Bacchantes seront aussi jouées avec ce grand chœur antique de la Sorbonne le 4 août à 19h. Ce texte terrible et magnifique résonnera peut-être aux oreilles de ceux qui assistent aujourd’hui aux déchirements de la classe politique…